Dominique Meeùs
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Mots-clefs : ❦ mode de production capitaliste, transition ❦ accapareur, dit « fabricant » ❦ prolétarisation ❦ Dobb ❦ Sweezy.
Der Übergang aus der feudalen Produktionsweise macht sich doppelt. Der Produzent wird Kaufmann und Kapitalist, im Gegensatz zur agrikolen Naturalwirtschaft und zum zünftig gebundnen Handwerk der mittelalterlichen städtischen Industrie. Dies ist der wirklich revolutionierende Weg. Oder aber, der Kaufmann bemächtigt sich der Produktion unmittelbar. Sosehr der letztre Weg historisch als Übergang wirkt — wie z.B. der englische Clothier (Tuchhändler) des 17. Jahrhunderts, der die Weber, die aber selbständig sind, unter seine Kontrolle bringt, ihnen ihre Wolle verkauft und ihr Tuch abkauft —, sowenig bringt er es an und für sich zur Umwälzung der alten Produktionsweise, die er vielmehr konserviert und als seine Voraussetzung beibehält. So z.B. war großenteils noch bis in die Mitte dieses Jahrhunderts der Fabrikant in der französischen Seidenindustrie, der englischen Strumpfwaren- und Spitzenindustrie bloß nominell Fabrikant, in Wirklichkeit bloßer Kaufmann, der die Weber in ihrer alten zersplitterten Weise fortarbeiten läßt und nur die Herrschaft des Kaufmanns ausübt, für den sie in der Tat arbeiten. Diese Manier steht überall der wirklichen kapitalistischen Produktionsweise im Wege und geht unter mit deren Entwicklung. Ohne die Produktionsweise umzuwälzen, verschlechtert sie nur die Lage der unmittelbaren Produzenten, verwandelt sie in bloße Lohnarbeiter und Proletarier unter schlechtern Bedingungen als die direkt unter das Kapital subsumierten und eignet sich ihre Mehrarbeit auf Basis der alten Produktionsweise an.
La transition à partir du mode de production féodal s’effectue de deux façons. Le producteur devient commerçant et capitaliste, en opposition à l’économie agricole naturelle et à l’artisanat corporatif de l’industrie citadine du moyen âge. Voilà la voie réellement révolutionnaire. Ou encore le commerçant s’empare directement de la production. Bien que cette dernière voie joue, dans l’histoire, un rôle de transition, en fait elle n’arrive pas à révolutionner l’ancien mode de production qu’elle conserve comme sa base. Cela est démontré par le cas du clothier (marchand de drap) anglais du 17e siècle qui soumet les tisserands à son contrôle (encore que ceux-ci soient indépendants) en vendant leur laine et en leur achetant du drap. Encore jusqu’au milieu de ce siècle, le fabricant de soie dans l’industrie française, celui de l’industrie anglaise de bas et de dentelles, n’étaient pour la plupart fabricants que de nom ; en réalité, ils étaient de simples commerçants laissant les tisserands continuer leur travail dans leurs vieilles conditions de morcellement ; ils représentaient le pouvoir du commerçant pour lequel ils travaillaient effectivement. Ce système fait obstacle partout au mode de production capitaliste véritable, et il finit par disparaître avec le développement de ce dernier. Sans bouleverser le mode de production, il aggrave seulement la situation des producteurs directs, les transforme en simples salariés et prolétaires dans des conditions plus défavorables encore que celles des ouvriers directement soumis au capital, et il s’approprie leur surtravail sur la base de l’ancien mode de production.
La transition de la production féodale à la production capitaliste s’est faite de deux manières : ou bien c’est le producteur qui est devenu commerçant et capitaliste, rompant avec l’économie agricole naturelle et l’industrie des villes du moyen âge basée sur le travail manuel et la corporation, ce qui a été la voie révolutionnaire ; ou bien c’est le commerçant qui s’est emparé de la production. C’est le plus souvent de cette dernière manière que la transition s’est opérée, et c’est ainsi, par exemple, que le drapier anglais du 17e siècle a assujetti à son contrôle le tisserand, qui restait il est vrai indépendant, mais à qui il vendait la laine et dont il achetait le drap. Ce dernier procédé révolutionne beaucoup moins que le premier l’ancien mode de production et même il le conserve et s’appuie sur lui. C’est ainsi que jusque vers le milieu de notre siècle, les fabricants de soieries en France et les fabricants de bas et de dentelles en Angleterre n’ont été fabricants que de nom ; ils étaient en réalité des commerçants, qui faisaient travailler pour leur compte des tisserands d’après l’ancien système du travail éparpillé. Cette organisation s’est maintenue partout en face de la production capitaliste et elle ne disparaît que par le développement de celle-ci. Elle ne modifie en rien la production en elle-même, mais elle rend plus défavorable la position des producteurs immédiats, qu’elle transforme en salariés et prolétaires de la pire des conditions et qu’elle frustre de la plus-value qu’ils produisent.
The transition from the feudal mode of production is two-fold. The producer becomes merchant and capitalist, in contrast to the natural agricultural economy and the guild-bound handicrafts of the medieval urban industries. This is the really revolutionising path. Or else, the merchant establishes direct sway over production. However much this serves historically as a stepping-stone — witness the English 17th-century clothier, who brings the weavers, independent as they are, under his control by selling their wool to them and buying their cloth — it cannot by itself contribute to the overthrow of the old mode of production, but tends rather to preserve and retain it as its precondition. The manufacturer in the French silk industry and in the English hosiery and lace industries, for example, was thus mostly but nominally a manufacturer until the middle of the 19th century. In point of fact, he was merely a merchant, who let the weavers carry on in their old unorganised way and exerted only a merchant’s control, for that was for whom they really worked. This system presents everywhere an obstacle to the real capitalist mode of production and goes under with its development. Without revolutionising the mode of production, it only worsens the condition of the direct producers, turns them into mere wage-workers and proletarians under conditions worse than those under the immediate control of capital, and appropriates their surplus-labour on the basis of the old mode of production.
Dans l’importante discussion Dobb-Sweezy (Dobb 1977), Sweezy s’autorise de cette citation pour défendre l’importance du capital marchand. Les autres font valoir que pour Marx, le capital marchand est conservateur tandis que, c’est la première des « deux manières » qui est révolutionnaire. Leurs interprétations peuvent dépendre en partie de la qualité des diverses traductions anglaises qu’ils ont utilisées.